J'ai longuement hésité à vous faire partager ce moment de ma vie... Mais, j'en ai écrit un témoignage, en réponse à celui de ma mère et je compte à ce qu'il tourne ! Ainsi, je vous préviens que je raconte ma vie et que, par conséquent j'invite à le lire que les personnes que ça intéresse vraiment ! Il y a tout le chapitre pré-hospitalier, j'écris le reste en ce moment ! Tout mon point de vue pour ma famille a changé depuis, j'étais en crise d'ado je pense. J'ai écris ce texte pas comme je le vis, mais comme je l'ai vécu. Bonne lecture :
« Tu ne devineras jamais la nouvelle !
- Hmm… Tu sors avec Vyasan ?
- Comment t’as deviné ? C’est super ! on passait devant une grande estrade…Amma… C’est étrange ce mélange entre excitation et appréhension, Donc moi, je m’occupe du snack, mais je devrais pouvoir rester auprès d’elle un peu. »
M’y voilà, Cergy Pontoise pour rencontrer celle qui prend tant de temps à ma mère ! Je me dirigeai vers le camping-car pour y poser mes affaires, ils m’attendaient tous, les enfants ! Je pose mes affaires et part illico avec eux.
Je retrouve maman quelques heures plus tard, c’est la cohue, « Elle arrive, elle arrive ! » Les gens sont fous…ou est-ce moi ? De venir ici alors que je n’ai aucun lien avec cette… religion ? On se place, au fond du hall, devant le poste de secours… attente… musique… Maman : « Elle est là, elle est là ! Regarde !! » Je ne vois rien…non… je ne la voit pas, pas ce soir… Et… Ai-je vraiment envie de la voir ? À vrai dire, en regardant l’état dans lequel se mettent les « dévots » rien qu’en voyant Amma cela me fait peur, peur de devenir « Ammaddict » comme je me le disais si bien alors. Je préfère sourire et m’en retourner aux occupations (seva) de sécurité qui me plaisait bien plus que ce spectacle bruyant de gens qui se gesticulent. Je me goinfre de nourriture indienne et je cours avec les ‘tiots, je me prends la tête avec deux ou trois Ammadict bien atteints et je pars déjeuner dans le camping car. Enfin un peu de calme. Maman arrive, les yeux pleins d’étoiles qui n’attendent que de LA revoir. Elle me prépare une crêpe à l’œuf, gruyère et jambon et on se pose. On attend une amie à elle qui doit arriver, je joue alors sur son téléphone pour patienter. Quand son amie appelle elle saute de joie, saute du camping car et saute de douleur… Je m’en veux… J’avais un tel mépris pour elle pour qu’elle se retrouve si bas avec toute cette foule à baver sur les pieds d’une bonne femme lavée au lait de coco bénie par…bah par elle-même ! Elle disait qu’elle avait mal, je jouais… Elle remonte dans le camping car en rampant, les yeux pleins de larmes… J’ai honte de n’y avoir pas fait attention tout de suite, je fonce et la soulève. Je l’accompagne bras dessus bras dessous jusqu’à la salle pour qu’elle retrouve son amie. Je comprends qu’il faut que je la laisse, aux bons soins des adultes. J’ai un peu mal à la tête…le bruit ? Hmmm…je vais chercher du savon et une serviette, je me lave au lavabo des toilettes, et une sueur froide me traverse le dos… je m’essuie vite le visage court reposer les affaires et reviens à la salle, une ambulance part…j’apprends que c’est maman dont la jambe n’a fait qu’empirer… Je l’appelle toutes les demis heures, par pulsions, je n’ai rien à dire, juste entendre le son de sa voix. J’attends, j’attends et je décide d’aller voir Amma, avant de prendre un poste sécurité à l’entrée du parking et surveiller quand maman rentrerait… Je LA regarde avec un profond dégoût… et m’en vais, le gilet jaune à la taille. Il fait nuit, la « fête » bat son plein à l’intérieur. Je n’ai attendu que 30 minutes et une voiture arrive…ça me réveille, je me tends et me replie aussitôt de douleur au ventre. La voiture rentre, je vois maman, plâtrée ? Je cours après, plié de douleur, elle sort de la voiture et me dit que ça va… A ce moment… je n’ai jamais vu un regard aussi vide chez elle qui regagnait si vite ses étoiles perdues quand on lui apprend qu’elle a une place privilégiée pour voir Amma. Je n’existait plus. Je n’ai jamais autant souri de folie et de nervosité dans ma tête, je rentre, je la regarde qui LA regarde… Je suis alors repris de ce fichu mal de ventre, le dis à maman qui me propose, d’un ton des plus las, d’aller chercher la couette au camping car… J’y vais, ça me fera toujours ça de temps en moins à supporter ces chants qui sont peut-être de la puissante magie noire…Que sais-je ? Je reviens avec la couette, je revois maman, je la regarde, elle se tourne, enfin, me regarde « T’es tout blanc Jules, ça va ? ». Elle est floue, je m’écroule de douleur sur la couette…
Les secours de la salle me prennent en charge, maman ne vient pas, à cause de sa jambe… Ils me donnent un médicament…je l’avale, j’ai mal. Ils appellent les pompiers qui mettent 10 minutes à arriver. Ils rentrent me voient…l’air blasés et me demandent ce qu’il y a.
« Il a des maux de ventre assez fort
- Vous vous moquez de moi, vous appelez les pompiers pour un maux de ventre ?
- Mais il a mal !
- Donnez-lui des médicaments, bon on y va !
Là rentre un homme que je ne connais pas, j’apprendrai par la suite que c’est le nouveau conjoint de l’ex-amie de Vyasan.
- Vous l’emmenez ?
- Bien…non… Pas pour un mal de ventre !
- Écoutez, je suis sapeur-pompier retraité et je peux vous dire que ce garçon mérite un peu plus d’attention.
- Écoutez je connais mon métier
- Moi aussi
- Vous ne le faites plus
- Parce que j’avais assez de vécu pour vous céder ma place et je l’ai en travers de la gorge que les sapeurs-pompiers ne sauvent plus les gens…
- On l’emmène ! Ou est la mère ?
- Elle a la jambe dans le plâtre elle s’est fait emmené tout à l’heure.
- C’est la bonne femme de tout à l’heure ? Eh bien… Bravo la famille vous usez bien du service à la personne
- …
- Y a t’il un majeur de la famille qui puisse l’accompagner ?
Ainsi, ma sœur rentre en scène !
On part dans l’ambulance tout les deux… Arrivés à l’hôpital, on m’allonge dans un lit, l’infirmière me dit « Tu n’as pas envie de vomir, en me tendant un haricot
- Non, c’est b…b…, et je vous laisse deviner la suite…
Et j’ai fait que ça pendant 2hOO, jusqu’à ce qu’on me fasse des radios… Une heure après, on a les résultats : néant, que dalle ! On me propose une échographie, que j’exécute 1h3O après, puis, les résultats : néant, que dalle ! On me propose une IRM, que j’exécute 2hOO après… Puis on me propose de regagner une chambre, qu’on me donne 1hOO plus tard, à 3hOO du matin, je suis seul dans ma chambre. Il y a plein de choses qui se sont passé pendant ces 6hOO : crises de tachycardie, tensions de mes muscles de mains, ma voix, et ma sœur qui rigolait de voir tout ça, nerveuse et me remontant le moral… C’est tout de même elle qui a vécu son frère devenir un légume pendant 3hOO !
Une fois dans ma chambre, j’arrive à dormir, je ne peux pas manger, je vomis, je ne peux pas boire, je vomis, j’ai la gorge sèche, je vomis…c’était l’horreur !
Le lendemain, maman est là, le médecin lui dit qu’aucune des examens n’avaient donnés de résultats et qu’il était nécessaire d’ouvrir pour voir… Elle accepte. Je ne me rappelle plus bien, si c’était tout de suite, dans l’après-midi ou le soir, toujours est t-il que je suis descendu au bloc, mon copain le haricot en carton recyclé prêt a recevoir le don de mon estomac vide. On arrive à la salle d’attente, glauque, dans le sous-sol de l’hôpital après une marche boiteuse de maman en chantant un chant indien. Pour attendre j’ai le choix entre le foot et « Plus belle la vie »… Deux télés qui tournent ensemble, face à face et qui forment un mélange du genre : « Quel belle histoire d’amour que celle de ZIDAAAANE » . Enfin vous comprenez.
Là, sans avoir le temps de souffler, 4 chirurgiens en blouse bleue, sortis de nulle part prennent mon lit à une vitesse folle (je vomis), j’ai le temps d’apercevoir maman et les portes se ferment (« ça y est je pars pour l’abattoir »). Il est vrai que ce milieu froid me faisait penser à ces usines pleines de veau pendus par les pieds avec le sang qui dégouline de leur bouche… Bref : « Alors…le chef d’opération n’est pas encore là, on ne peux donc pas t’endormir, mais on va te faire une intbloblbo (rien compris), on va te mettre ce produit dans ton nez qui va endormir toute ta gorge et on va te mettre un tuyau pour que tu ne vomisses plus, ce sera… plus confortable ? T’es prêt ? C’est très désagréable, mais tu m’as l’air courageux ! Pshiit »
Je ne sens plus ma gorge…je ne peux plus parler… je ne peux plus déglutir…je panique. « C’est bon ? Ca va ? Bon t’es courageux, haussement d’épaule de ma part, bon... T’es prêt ?, haussement bis, 1, 2, 3 ! »
Ils m’enfoncent un tuyau de 1 ou 2 centimètres de large dans la narine, et ils enfoncent, ils enfoncent, ils enfoncent, jusqu'à ce que ça coince « Le chef de bloc arrive, on va t’endormir, ils appuient fortement sur mon nez avec le masque…et sur le tuyau qu’ils viennent de me mettre, j’ai mal je tente de le retirer, ils prennent ça pour de la panique et me tiennent encore plus fort…Tout résonne… Aaah Ah h…Mon…mon…monsieur, il, il d…do…Noir.
APRES L’OPERATION
« Ennenez noi le nuyau ! enlevez-moi le tuyau (C’est difficile de parler avec un tuyau dans les cordes vocales et derrière la langue) ENNENEZ NOI LE NUYAU !! »
Tout est flou, maman ? Oui, elle est à côté, à regarder partout si quelqu’un peut venir pour me calmer… J’étais une vraie bête ! La fatigue, les nerfs, les médoc’ et ce foutu tuyau ! La suite n’est pas très intéressante, si ce n’est que je me suis écroulé à ma première douche, le plus dur a été de ne pas boire, ce tuyau m’en empêchait, j’étais sec comme une noix. La libération fut quand on m’a enlevé l’intubation (« intbloblbo »), un relent de morve qui remonte dans le nez et je respire ! Je parle…à peu près normalement en plus !
Il y eu un suivi tous les mois dans l’hôpital de Saint Louis, on m’a mit dans cet hôpital sûrement parce que c’est dans Paris, c’est plus proche que Cergy, et puis quelle chance ! C’est un hôpital spécialisé dans les maladies de sang ! J’étais complètement ignorant de ma situation, une petite maladie qui nécessitait des visites régulières mais sans plus… Je finissais par savourer ces visites, j’avais de l’oxygène concentré, ça fait tourner la tête et fait office de gaz hilarant. L’effet en gros c’est : « C’est super douloureux une ponction mais tellement drôle » !
Je me rappelle de ce jour où mes parents sont rentrés dans le bureau du Dr. Leblanc et sont ressortis blancs. J’ai appris hier que c’était ce jour qu’ils avaient appris que j’avais ces fameux 30% de m’en sortir. Mais je n’en ai jamais été informé avant… Me voilà reparti pour une ponction, et on m’apprend petit à petit que je n’ai aucune maladie… J’ai eu une certaine tristesse de ne pas profiter de cette période sabbatique qui aurait pus être plus longue et qui s’arrête parce que mon corps en a décidé ainsi…Si j’avais su la chance que j’avais, je pense que je n’étais pas assez mûr pour bien le digérer. Toujours est t-il que je m’en voulais d’être guéri !
Plus le temps avançait, plus ça disparaissait, mes espoirs de repos, en chambre, tout seul avec mes crayons et un ordinateur, le paradis ! Tout s’évaporait, je voyais mes parents retrouver le sourire, sourire de quoi ? je n’ai jamais été malade ? Enfin je ne crois pas…
Un pré-chlorome est un annonceur de la maladie du cancer de la moelle osseuse, les autres enfants, lorsqu’ils ont cette maladie, n’ont pas d’annonciateur, ce fut une bonne chose, il permet de prévenir et de prendre la maladie à la racine…cependant, il annonce le niveau 4 de ce cancer, je n’ai aucune idée de la gravité de la chose, mais je ne pense pas que ça dépasse les 10, donc c’est beaucoup…J’ai appris aujourd’hui que l’opération avait 100% de réussir, mais que les 30% qui s’en sortent, ne sont pas ceux qui ne se font pas soignés, mais qui résistent à la chimiothérapie, qui consiste à tuer toutes les cellules du corps pour en mettre de nouvelles, une renaissance du corps. Disons qu’il y a 70% de chance de fausse-couche ? J’ai appris que j’étais la première personne recensée au monde à avoir un pré-chlorome avant 45 ans, que j’étais le premier à me guérir tout seul…
Le 11 mai dernier, j’ouvre l’Enveloppe…je suis admis à l’ESAAT !
On vient de changer d’heure, il est 23hOO, on est dimanche, demain j’y vais, retrouver tout le monde, toutes ces personnes dont l’ESAAT à sauvé la vie et l’avenir !